1

Preambule

En donnant à la négation et à l’humiliation de la nature féminine le qualificatif de mode, de beauté et d’élégance, les hommes s’éduquèrent à trouver laid et disgracieux ce qui est naturel et harmonieux.

Extrait du site « Regard conscient » qui s’applique parfaitement à la PF et ce, depuis des millénaires.

Comme la culture de ces sociétés [occidentales] ne permet pas de leur faire porter le voile, qu’elles ont acquis le droit de vote, de s’investir dans la sphère publique, de diriger et d’avoir une sexualité libre et épanouie, contenons donc leur émancipation et le grandissement de leur influence en les faisant se détester elles-mêmes, via, entre autres, la détestation de leur propre corps.

Commentaire issu du défunt forum des Chiennes de Garde (CdG) en 2004. De nombreuses femmes disent détester leurs poils, d’autres parties de leur corps provoquent rarement un tel dégoût.

car il faut bien le dire, le poil pubien de la femme porte en lui la malédiction des origines.

Extrait du mémoire de l’ethnologue Juliette Sakoyan (JS) qui date de 2002, intitulé « De la cire au laser : l’adieu au poil dans la société française contemporaine ». Pour mieux comprendre cette phrase, voir la fin du chapitre 6, sur la sexualité.

Aucune femme n’est libre tant que toutes les femmes ne sont pas libres. Dans le même style de vérité, il y a celle qu’aucune femme n’enlève ses poils pour elle-même tant qu’il y a une obligation pour les femmes d’être sans poils. Il n’y a pas de vérité dans la phrase « Je m’épile parce que j’aime ça », quand cette préférence vient uniquement du conditionnement social.

Posté en 2008 par Anji, une féministe anglaise, sur son blog.

Il y a déjà de nombreux sites et forums dédiés à la résistance à l’épilation en tant que norme et je participe d’ailleurs à un forum depuis 2006 : Ecologie libidinale(MIEL)

Mais j’estime qu’il y n’a pas de regard vraiment féministe sur ce thème. Le féminisme fait peur, à tort. Ce n’est rien d’autre que de l’antisexisme qui ne combat pas les hommes mais un système : le patriarcat. Celui-ci règne depuis des millénaires sur la planète, au-delà des clivages culturels, politiques et religieux. Depuis mai 68 en Occident, une conscience collective a émergé pour que cessent les discriminations. Je vais donc parler d’une des injonctions contrôlant le corps des femmes, la dernière qui soit suivie à ce point : l’épilation (j’utilise indifféremment le terme épilation ou rasage malgré le fait que les conséquences ne soient pas les mêmes).
Cette page aurait pu s’intituler « Le dernier tabou concernant les femmes » ou « La répression sexuelle des femmes via le contrôle de leur pilosité » ou « Le po-i-litiquement correct » ou « La rage dépilatoire » ou « Les poils : le meilleur exemple de double standard » ou encore « L’épilation n’est pas une mode mais une injonction ».
On évoque souvent la mode et la culture pour qualifier l’épilation, voilà qui est curieux. Ce n’est pas une mode pour les femmes car aucune mode n’est suivie par 100% des femmes occidentales, voir jambes et aisselles glabres en été et la culture est invoquée par certains quand on parle d’excision, de port du voile, de répudiation. Je reviendrai en détail sur la « mode » et la « culture », deux mots pour faire avaler la pilule du contrôle patriarcal du corps des femmes.

Ce thème touche à la sexualité, au contrôle du corps des femmes par les hommes, à la perception de son propre corps et de celui des autres, au puritanisme, à la censure, il dépasse donc largement le cadre de la pilosité. La précision est importante car de nombreuses personnes adeptes de l’épilation évacuent le problème en disant que « tout le monde est libre », sous-entendu qu’il n’y a pas à en parler, que c’est une affaire privée. Mais le féminisme a maintes fois expliqué que le privé est politique. C’est-à-dire que le patriarcat a fait en sorte de culpabiliser les femmes, sur leur physique principalement, afin qu’elles soient toujours inquiètes de savoir si elles vont plaire. Elles sont réduites uniquement à des objets de séduction, le fameux slogan « sois-belle et tais-toi ».

Extrait d’un article du défunt forum des CdG intitulé « Promenade avec ma pudeur »

Le privé est politique, en ce que notre individualité et nos rapports interpersonnels sont sous-tendus par des tendances sociales de pouvoir, puisque personne ne peut prétendre échapper complètement à sa situation sexuelle, sociale et culturelle. La domination masculine est là, entre un homme et une femme, plus ou moins brutalement ou subrepticement.

– Qui suis-je ? Je m’appelle Pierre, je suis né dans les années 60 en Belgique et je suis féministe. Je n’ai aucun diplôme universitaire, je ne suis qu’un simple citoyen qui a pris conscience un jour de l’importance de la lutte féministe. Je pense d’ailleurs que l’absence de cursus me permet d’avoir une certaine distance avec un discours policé, très répandu à l’université, du moins en Europe. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le vécu des femmes, ce qu’elles ressentent, leurs émotions, leur peine d’être rejetées parce qu’elles refusent de se plier à un diktat. Cela, on en parle peu dans les hautes écoles. Mais je suis ouvert à toute information afin de compléter ou de corriger cette page. Si vous avez des éléments historiques ou géographiques probants, je serais très heureux d’en prendre connaissance, mon adresse mail se trouve en bas de la page.

– Pourquoi un homme s’intéresse-t-il aux poils des femmes ? Sans rentrer dans les détails de ma vie, j’ai toujours apprécié les femmes qui gardaient leur PF, dès mon adolescence, dans les années 70. Je ne savais pas pourquoi mais quelque chose me disait qu’elles étaient bien plus féminines que celles qui se rasaient les aisselles. (A l’époque, aucune femme ne se rasait le pubis, je le précise pour les plus jeunes qui n’ont pas connu cette période). Puis, j’ai rencontré une femme, au début des années 90 et elle ne s’épilait pas. Je lui ai fait part immédiatement de ce que ça représentait pour moi, j’étais le premier homme à lui dire qu’elle était belle, même avec ses poils. Mais un jour, en 95, elle s’est fait insulter à la piscine. Et ensuite, à la plage. Des intolérant-e-s se moquaient de ses poils (va te raser, j’ai vu le yeti), elle avait aussi droit à des regards de dégoût. Pourtant, elle ne souffre pas d’hirsutisme, elle a une pilosité normale. Or, elle n’avait rien changé à son comportement, ça faisait des années qu’elle allait à la plage ou la piscine avec ses poils. C’est depuis lors que j’ai essayé de comprendre pourquoi des gens se permettaient de verbaliser leurs jugements. On ne peut empêcher les gens de penser des horreurs sur le physique des autres mais quand ils s’agit de PF, il n’y a plus de retenue, on y va et on dit ce qu’on pense. C’est ainsi que j’ai mis le pied dans le féminisme et je ne le regrette pas une seconde.
On me dit parfois que je parle au nom des femmes, que je ne suis pas légitime. Mais comme je suis avec ma femme quand on l’insulte, je suis doublement atteint et nous sommes sur la même longueur d’onde, c’est aussi elle qui parle à travers moi.
Donc, ma démarche qui semble étonner certaines personnes n’est fondée que sur l’aspect humain et le contrôle social que les femmes vivent en permanence, démontrant ainsi que la misogynie est toujours bien présente puisque les hommes font ce qu’ils veulent de leur pilosité mais que pour les femmes, c’est bien pire aujourd’hui qu’il y a 30 ans, par exemple.
Une autre chose étonnante, dès qu’on s’intéresse à la PF, c’est le peu de livres qui en parlent. C’est frappant et peu importe la langue d’ailleurs, ils se comptent sur les doigts d’une main. Pourtant, toutes les femmes ont des poils et ce, depuis leur puberté jusqu’à leur mort. Aucune femme ne peut dire « ce sujet ne me concerne pas ». Soit, elle s’épile et on peut alors s’interroger sur ses motivations, soit, elle ne s’épile pas et en fonction de la région du monde où elle vit, elle est honnie ou appréciée.
Mon but est de rendre compte des témoignages que des centaines de femmes m’ont confié et des milliers de témoignages que j’ai lus depuis plus de 10 ans sur ce thème. Ce sont donc elles qui s’expriment souvent sur cette page.
J’ai conscience que beaucoup de femmes dans le monde vivent des choses bien plus graves mais malgré tout, il y a quelque chose de très symbolique dans cette rage dépilatoire en Occident, c’est pour moi une atteinte à la féminité. Je suis persuadé que c’est une excellente base pour comprendre le patriarcat et détricoter la misogynie qui se cache parfois où on ne la soupçonne pas.

– Faut-il être pour ou contre l’épilation ? Je n’aime pas cette façon de présenter les choses, pourtant très fréquente dans les médias. Par facilité, on y demande aux gens s’ils sont pour ou contre telle ou telle chose. Ce qui est aberrant en soi. On a le droit d’avoir un avis différent pour quelque chose à un moment de sa vie ou à un moment de la journée ou pour une partie du corps et pas pour une autre. Concernant l’épilation, je ne suis ni pour, ni contre. Je suis pour que les femmes puissent choisir librement de se raser ou pas, sans que cela n’entraîne de remarques d’autres gens. Or, en Occident, il est virtuellement impossible pour une femme de montrer publiquement ses poils sans que cela ne déclenche une avalanche de réactions allant des moqueries à la désapprobation en passant par la stigmatisation. Tout cela est très dommageable pour l’équilibre psychologique de ces femmes car elles se sentent diminuées alors que justement, en montrant leur PF, elles affichent leur féminité et leur diversité, tandis que les corps glabres des femmes épilées se ressemblent tous. Rien ne ressemble plus à un corps épilé qu’un autre corps épilé.
Il suffit de regarder les médias pour constater l’absence totale de poils sur les corps des femmes (en dehors des sourcils et des cheveux, les cheveux étant des poils). C’est ce que j’appelle le « po-i-litiquement correct ». C’est en fait un vieux tabou, la PF a toujours dérangé les hommes mais j’y reviendrai car il est crucial de regarder le passé afin de comprendre ce qu’il se passe depuis le début des années 80.

Aux gens qui doutent de l’ampleur du tabou, je pose une simple question : quand avez-vous vu pour la dernière fois dans la sphère publique une femme avec des poils aux aisselles ? La plupart sont incapables de répondre.
Qu’on ne se méprenne pas, je n’ai rien contre les femmes qui se rasent/s’épilent ni ceux qui les préfèrent, je me bats contre les clichés ridicules qu’on entend sur la PF, résidus ancestraux de misogynie.

Cette page est longue mais c’est volontaire, vous avez ainsi tous les éléments à portée de main. On peut lire les chapitres individuellement, ils ne sont pas liés. Je conseille néanmoins vivement de lire d’abord le chapitre sur la place des femmes dans la société occidentale au cours de l’histoire afin de mieux comprendre les allusions constantes que je fais au patriarcat. C’est important car dans le cursus classique, le patriarcat est très peu évoqué ou minimisé. Or, il est la clé de la compréhension du rapport hommes/femmes et détermine encore aujourd’hui le quotidien des hommes et des femmes.

Si vous faites partie des femmes qui pensent sincèrement s’épiler sans pression, pour elles-mêmes, je vous invite à lire d’abord les chapitres intitulés « le libre arbitre et l’influence des images » ainsi que « la pression sociale ». Le but de cette page n’est pas de faire changer d’avis celles qui s’épilent, il ne s’agit pas d’instaurer une norme à la place d’une autre, comme certaines personnes le pensent mais de permettre à tout le monde de bien comprendre que la PF n’est pas une simple question de poils, c’est beaucoup plus complexe.

Si vous arrivez sur cette page depuis le blog de Clémentine, voir ma réponse à la fin du chapitre 25.

Pour imprimer ce document, il faut compter environ 75 ou 100 pages, en fonction du navigateur. Pour n’imprimer qu’une partie, sélectionnez le texte à l’aide de la souris, une fois le texte en surbrillance, allez dans le menu « Fichier » -> « Imprimer… » et dans le cadre « Etendue de pages » (ou « Zone d’impression »), cochez la case « Sélection », ensuite cliquez sur « OK »

Il y a un saut de page avant chaque chapitre afin qu’à l’impression, il commence en haut d’une page mais cela ne se voit pas à l’écran, il faut faire un « Aperçu avant impression » pour s’en rendre compte.

Lorsque du gras apparaît dans une citation, c’est moi qui ai rajouté l’attribut. Je ne corrige pas les fautes de français ou de frappe lorsque je cite quelqu’un. Les nouveautés depuis le 1er janvier 2011 sont sur fond orange.