20. L’épilation et la culture musulmane
Mon but n’est pas d’offenser les croyants, c’est pourquoi je parle de culture et non de religion musulmane. La nuance est très importante. Le mot culture, comme le mot tradition, est souvent utilisé pour cacher des choses bien plus graves, je pense à l’excision, au mariage forcé. L’épilation est inscrite dans la culture musulmane (fitra) mais pas dans le Coran.
Voici ce qu’on trouve sur un blog consacré à l’épilation chez les personnes de confession musulmane
L’épilation des poils qui se trouvent sous les aisselles ou ceux du pubis sont des mesures d’hygiène qui nous ont été enseignées par le Prophète Mohammad (bénédiction et salut soient sur lui ) lui-même, et qui ont été énumérées comme faisant partie des pratiques conformes à la nature primordiale (« Fitrah ») de l’homme.
Abû Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète (psl) a dit :
« La fitra (la nature primordiale) comporte cinq éléments :
la circoncision, le fait de se raser le pubis, de se couper les ongles, de s’épiler les aisselles et de se tailler la moustache. » (rapporté par Boukhari)
Dans un autre Hadith, ces actes ont été comptés parmi les « Sounnahs » (pratiques) des Messagers divins (sur eux la Paix). Dans ces deux cas, il n’est donc pas question de modifier un élément du corps dans un but purement esthétique :
il s’agit au contraire de répondre à un besoin d’hygiène, mais aussi à rétablir (et non pas altérer) un trait de la « Fitrah », de la nature primordiale humaine.
On voit d’emblée que l’accent est mis sur l’hygiène. On peut imaginer qu’en l’an 650, dans le désert, elle était un problème. Il me semble qu’aujourd’hui, on a un peu dépassé ça. On y parle de la périodicité de l’épilation (tous les 40 jours), ce qui est étonnant si c’est réellement pour l’hygiène. Au départ, l’épilation concerne hommes et femmes. Mais comme par hasard, quand je vois à la télé de jeunes musulmans en maillot, ils n’ont pas les aisselles épilées !
L’épilation des sourcils :
La coupe des sourcils, ou leur redressement par le rasage ou l’épilation que pratiquent certaines femmes de nos jours, sont interdits car ces opérations impliquent la modification de la création d’Allah et une obéissance à Satan dans son œuvre visant à tromper et à amener (les gens) à modifier la création d’Allah.
Allah Le Très Haut a dit :
« Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut.
« Quiconque donne des associés à Allah s’égare, très loin dans l’égarement.
« Ce ne sont que des femelles qu’ils invoquent, « en dehors de Lui. Et ce n’est qu’un diable rebelle qu’ils invoquent. » (Sourate 4, versets 116 et 117)
Selon un hadith cité dans le Sahih, Ibn Massoud (P.A.a) dit :
« Qu’Allah maudisse les tatoueuses et celles qui demandent à subir le tatouage ; les épileuses de poils et celles qui sollicitent leurs services ; les limeuses de dents et celles qui se font limer les dents car elles modifient la création d’Allah. »
Ma conscience féministe est terriblement choquée par ces propos. Au nom de quoi des hommes décident par décret ce que les femmes ont le droit de faire ou pas de leurs poils ? Et pourquoi épiler les sourcils est interdit sous prétexte de modification de la création d’Allah ? N’est-ce pas Allah qui a créé les poils pubiens et aux aisselles ? C’est n’importe quoi, les sourcils ne sont pas liés à la sexualité mais bien la PF, voilà la vraie raison. Mais ce n’est pas tout, voici encore de quoi choquer mes convictions
L’épilation des jambes :
Il est permis d’enlever les poils des jambes. Quant aux opinions des écoles juridiques relatives au rasage des poils du corps tels que les poils des mains et des pieds, les Malékites ont déclaré que la femme est autorisée à enlever tout ce qui compromet sa beauté et à maintenir tout ce qui l’augmente. (L’Encyclopédie juridique, 18/100)
Cependant il est interdit à la femme de couper les poils qui poussent sur son visage, et cette interdiction s’aggrave en ce qui concerne les sourcils en raison de la menace proférée à cet égard.
Là, ça devient très grave car on parle de menace proférée. Evidemment, pas de sanction pour un homme qui se couperait la barbe, ce sont toujours les femmes qui ont à se soumettre.
Voici un commentaire posté sur le forum de MIEL par une Musulmane pratiquante de 23 ans, elle explique que l’épilation n’est qu’une recommandation et non une injonction.
Contrairement à ce qu’on dit, ni le Coran ni la Sunna (c’est-à-dire l’ensemble des dires du Prophète) ne parle de l’épilation imposée aux femmes. Dans le Coran, Dieu insiste très souvent sur la perfection de sa Création, et ne tolère aucune modification. Il y a seulement un hadith du Prophète qui classe le rasage du pubis et des aisselles parmi les pratiques saines, mais il faut replacer ces paroles dans le contexte de l’époque: on est au 6e siècle de notre ère, en plein milieu d’un désert! Donc, pas d’eau courante! Cette pratique, préconisée, proposée, mais nullement obligatoire, servait à faciliter la vie aux habitants du désert, notamment question hygiène. D’ailleurs, il ne précise nulle part qu’elle s’impose uniquement aux femmes, mais il parle en termes généraux. J’ai également vérifié auprès de théologiens (donc des personnes érudites habilitées à expliquer ces paroles) que ce n’est pas du tout obligatoire de le faire, mais simplement préconisé. D’ailleurs, le même théologien qui s’est exprimé sur le sujet est contre l’épilation féminine! En effet, dit-il, pourquoi vouloir enlever du corps de la femme ce que Dieu y a mis par sa sagesse (ce sont ses propres dires). Pourquoi vouloir faire ressembler la femme à une poupée en plastique? Donc, contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre ici et là, ce n’est absolument pas une injonction religieuse, mais le fruit des traditions qui ont exactement le même but qu’en Occident: infantiliser la femme et la désexualiser pour mieux la manipuler.
D’un point de vue strictement religieux, l’épilation des sourcils (chez la femme généralement, puisque les hommes sont beaucoup moins concernés) est une pratique formellement interdite, et éloigne celle qui le fait de la miséricorde divine. Donc, là aussi, bien que très répandue en terre d’islam, l’épilation des sourcils est en fait interdite par la religion! Vous pouvez ainsi constater à quelle point la religion est utilisée et instrumentalisée pour domestiquer le corps de la femme. Bref, tout cet exposé pour dire que l’islam insiste pour que hommes et femmes restent tels que Dieu les a créés, avec leurs poils qui sont une bénédiction pour les humains puisqu’ils protègent leur peau et les érotisent.
Voici encore des commentaires du site Afrik.com
« Se raser la pilosité du pubis » s’applique aux femmes et aux hommes et « il ne faut pas laisser 40 jours s’écouler sans l’avoir fait », précise un hadith. « Veiller à ne pas avoir de poils pubiens est une recommandation religieuse mais aussi une hygiène de vie », précise Amine, jeune Sénégalais musulman de 32 ans né à Dakar et vivant en France. « Si je ne me rase pas le pubis et les aisselles, je ne me sens pas bien. J’ai commencé à le faire à 16 ans, après avoir lu les hadiths. Je le fais tous les 40 jours avec une tondeuse spéciale que je ne réserve qu’à cet usage. J’ai une peau très sensible mais je n’ai jamais eu de problème de rasage. C’est devenu une habitude. C’est un précepte religieux mais une fois qu’on a essayé, on se rend compte des avantages hygiéniques. »
Mohammed H. Benkheira, professeur à l’université de Rouen, explique dans son étude, « Le visage de la femme. Entre la shari’a et la coutume », réalisée en Algérie, que, « dans la culture traditionnelle, il est d’usage pour la femme de s’épiler la totalité du corps, notamment pour sa nuit de noces. La beauté féminine dans ce cas coïncide avec un corps dénué de toute pilosité à l’exception des cheveux, qui doivent rester longs, et des sourcils considérablement amincis. » Aujourd’hui, l’épilation intégrale du maillot est une réalité pour de nombreuses jeunes filles maghrébines ou d’origine maghrébine. Ce n’est pas forcément la religion qui les pousse à s’épiler mais plutôt une tradition transmise de mères en filles. « Je m’épile le maillot intégralement tous les mois et ce, depuis mes 14 ans », explique Linda, 30 ans, qui vit à Alger.
C’est ma mère qui m’a initiée et la plupart des femmes de ma famille le font. J’ai commencé à me faire épiler au hammam, ça fait partie du rituel de nettoyage et de décrassage complet ! Ce n’est pas une question de suivre la religion, car je ne suis pas pratiquante. C’est juste que je ne supporte pas d’avoir des poils pubiens, lorsqu’ils repoussent je me sens sale ! Pour moi, c’est une question d’hygiène, surtout l’été, avec la chaleur, lorsqu’on transpire. Je préfère être nette à cet endroit.
Un prof d’unif qui décrète ce qu’est la beauté féminine ? Mais il est qui pour s’autoriser ce genre de choses ?
Linda qui dit se sentir sale avec des poils démontre bien la détestation du corps inculquée par ces traditions écrites par des hommes. On voit aussi que même si elle n’est pas pratiquante, elle est conditionnée par la pression inconsciente de ce qui l’entoure et elle se soumet au diktat religieux tout en pensant agir librement et en utilisant les termes lénifiants comme « hygiène » et « rituel », j’y vois la patte des machos qui utilisent toujours des euphémismes pour cacher leurs diktats.
Commentaire posté sur un blog en 2009 je signale que dans les pays du Maghreb les femmes s’épilent au miel depuis des siècles… et cela fait partie de leur arrogante beauté qui le permet de faire face au machisme ambiant
Quelle méconnaissance de l’histoire ! Ce sont les hommes qui ont imposé l’épilation aux femmes, ce n’est en aucun cas leur choix personnel quand bien même elles ont l’impression de le faire sans pression.
Voici ce que dit Gérard Zwang à propos des Musulmanes.
Il n’en va pas de même en contrée phallocratique, là où les femmes sont infériorisées, assujetties. Le rasage féminin donne à la vulve et au pubis l’aspect glabre des organes infantiles. C’est un signe de soumission, pour ne pas apparaître en tant qu’adulte et autonome. La femme est ainsi infantilisée.
La pratique est solidement implantée dans les pays musulmans. Mais en Occident, la sexualité et ses poils, tout spécialement féminins, ont été fortement culpabilisés.
L’épilation corporelle totale.
Elle est infligée rituellement aux jeunes mariées, avant la nuit de noces coranique. Mais aussi en Inde, avant le mariage avec un aristocrate. La femme est devenue à nouveau une enfant, au pouvoir de son seigneur et maître. Il en attend la même docilité.
Concernant l’épilation intégrale rituelle, elle est montrée dans le film « Harem » d’Arthur Joffé (1985), avec Nastassja Kinski. On voit la future mariée se faire raser entièrement par d’autres femmes lors d’une cérémonie. Il semble que depuis quelques décennies, ce ne soit plus nécessaire car longtemps avant le mariage, beaucoup de Musulmanes s’épilent déjà.
J’ai consacré un sujet à ce propos sur le forum de MIEL
Le texte de Zwang m’a permis de faire le lien entre le voile islamique et l’épilation. Dans la culture musulmane, les deux sont associés dans un même but : empêcher les femmes d’être tentatrices et les infantiliser. Le côté tentateur des femmes est un vieux cliché : les pauvres hommes ne peuvent résister face aux créatures diaboliques que sont les femmes qui les excitent avec leurs cheveux, leurs poils, leurs formes. C’est donc de la faute des femmes s’il faut cacher les cheveux et enlever les poils.
Donc, enlever les poils (les cacher, en somme) ou cacher les cheveux, c’est du pareil au même, on enlève un attribut potentiellement érotique. En Occident, point de voile depuis 1930 environ. Mais l’épilation a pris le relais et les pornographes sont les champions pour montrer des corps infantilisés. Les mollahs main dans la main avec les pornographes pour empêcher les femmes de montrer des attributs érotiques, qui l’eut cru ?
Ce qui est dommage, c’est que très peu de féministes occidentales en sont conscientes. Elles sont promptes à dénoncer le voile comme symbole de soumission mais combien s’insurgent contre la norme du glabre en Occident, qui est symboliquement la même chose ? C’est un peu la paille et la poutre. C’est plus facile de montrer du doigt les machos d’une autre contrée que de lutter contre le machisme ambiant, surtout quand il s’agit de PF, donc de sexualité.
J’en veux pour preuve cet article dans « Le Monde » du 6 mars 2010 consacré à la lutte de Ni putes ni soumises contre le voile.
C’est avec deux jours d’avance que l’association Ni Putes ni Soumises a fêté le 8 mars. Une soixantaine de jeunes militants de l’association Ni Putes ni Soumises se rassemblées place de la République samedi, coiffés de bonnets phrygiens. Scandant en musique « des actes, pas des mots », les jeunes militants, dont une petite dizaine de garçons, ont organisé un défilé circulaire en brandissant des pancartes « Ni voile ni burqa », « service public = avortement et contraception » ou « raser mes jambes oui, raser les murs non ».