La sexualité, la pornographie et les images érotiques

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6. La sexualité

Le poil est assimilé au sexe ( en état de marche puisque le poil apparait à la puberté, de plus) Le poil sous les aisselles est, même si on ne l’aime pas, a une charge sexuelle. Je me rappelle d’une de mes belle soeur, blonde aux cheveux longs et frisés qui arrivait à éléctriser l’atmosphere dans les déjeuners de familles lorsqu’elle levait ses bras pour soulever ses cheveux et qu’elle dévoilait des aisselles un peu rousses.

Témoignage d’une féministe du forum des CdG, en 2006.

Malgré tout cela, elle est restée traumatisée, et n’a pas pu inclure ses poils dans son intégrité féminine, jusqu’à ce qu’un psychologue lui explique que le refus des poils chez la femme de la part des hommes correspond à une peur inconsciente de la femme et de la mère.

Témoignage sur doctissimo.fr en 2004, à propos d’une ado traumatisée par quelques poils sur ses bras ! A noter le commentaire du psy sur la peur.

Au rituel de l’épilation et à son usage quasi exclusif (au regard de l’histoire) par la femme, Marc-Alain Descamps suggère deux autres explications, qui se rejoignent dans une même opposition à la sexualité. La première a trait directement à la répression sexuelle de la femme ­qui doit apparaître lisse et pure, vierge ou angélique­, la seconde à son infantilisation. « Etre épilée, pour une femme, c’est ressembler à une petite fille impubère », souligne-t-il. Et plus encore lorsqu’il s’agit d’épiler le triangle pubien, symbole par excellence de la sexualité féminine.

Extrait d’un article publié dans « Le Monde », en 2005.

Ce chapitre est sans doute le plus important de tous. En effet, c’est parce que les poils des aisselles, du pubis et des seins (on les oublie souvent) sont des caractères sexuels secondaires qu’ils dérangent les hommes. Si vous avez lu le chapitre sur l’histoire ancienne, vous aurez compris que les hommes avaient peur des femmes. Elles étaient considérées comme des monstres, des erreurs de la nature mais nécessaires pour la procréation. Le sang qui coulait du sexe des femmes effrayait les hommes, ils associaient les poils à cette peur.
C’est Hippocrate qui pensait que les femmes privées de relations sexuelles étaient « hystériques » (du grec hustera, utérus) et qu’en leur introduisant des objets dans le vagin, on allait les calmer. Cette horreur a duré jusqu’au début du 20e siècle ! On y avait développé une série d’appareils très sophistiqués à introduire dans le vagin, pour combattre l’« épuisement nerveux et hystérique » des femmes. Voir ici pour plus de détails, surtout le point 2 « IDÉOLOGIE DE LA JOUISSANCE ET TECHNOLOGIE DE L’ORGASME ».

Cette méconnaissance totale du fonctionnement réel du corps vient tout simplement de la peur qu’inspiraient les femmes. Leur sexualité a toujours été réprimée et en les forçant à enlever leurs poils, on les rendait infantiles puisque leur corps redevenait celui de la fillette impubère, à l’exception des seins qu’on tolérait. Les poils étaient l’apanage des hommes, pas question de les tolérer chez les femmes.

Voici ce que dit Gérard Zwang (voir lien plus haut) de l’aspect sexuel de la PF.

Le poil n’est nullement un apanage masculin, en particulier le poil sexuel, il faut le redire régulièrement. C’est sa disposition dans les zones cibles qui indique virilité ou féminité adulte. L’indice pileux féminin est triangulaire à sommet inférieur. C’est lui qui entraîne la réaction d’orientation du regard, avant la main et le reste. La pilosité bien développée signe la maturité sexuelle d’une femme avec laquelle l’accouplement est possible : elle déclenche donc le désir.

L’homme normal est habituellement rebuté par l’aspect chauve de la zone génitale féminine. C’est en général la conséquence de la maladie, et surtout de la sénilité. Une femme dépourvue de poils pubiens est une vieille femme n’inspirant plus le désir. C’est pourquoi la tonte sexuelle a de tout temps été infligée comme punition, surtout entre femmes. Pour défigurer une rivale, ou pour châtier une prostituée qui n’a pas obéi aux règlements du Milieu. Avant la libéralisation de l’interruption de grossesse, et sans nécessité d’asepsie depuis la mise au point de désinfectants liquides efficaces, les femmes devant subir un curetage évacuateur après avortement étaient systématiquement et entièrement rasées. Il fallait les punir d’avoir « tué leur bébé ». Dans un cas comme dans l’autre on s’attaquait à un signal déclencheur très puissant, destiné à susciter le désir masculin, et on espérait bien mettre la femme « hors course » avant la repousse pileuse.

Il est clair que l’épilation pubienne était une punition. Comment expliquer alors qu’aujourd’hui, elle soit vue comme une libération, une pratique normale dans le sens d’une norme intégrée ? Pourquoi cette inversion ? Parce qu’on n’a pas d’images de femmes qui se faisaient raser le pubis de force. Personne n’a donc de représentation qui montrerait immédiatement la cruauté de l’acte. Comme je l’ai expliqué au chapitre sur l’utilité des poils, les femmes craignent la perte des cheveux car c’est le symbole des femmes ayant couché avec l’ennemi et nombreux sont ceux qui ont vu ces images atroces de femmes tondues publiquement en 1944 et ensuite, exhibées sur des chariots dans toute la ville, pour qu’elles soient humiliées jusqu’au bout.
Une autre explication serait ce retour au corps infantile, qui a fait fantasmer beaucoup d’hommes. Il faut se rappeler que l’inceste et la pédophilie sont des pratiques anciennes. Les filles étaient mariées très jeunes à des hommes souvent plus âgés, habitués donc à voir des corps impubères. Cette frénésie du pubis rasé ne serait donc qu’un atavisme, une espèce de fantasme sur la fillette du temps passé qui se soumettait alors que les femmes d’aujourd’hui ne se soumettent plus, en apparence du moins.

En se rasant le pubis et peu importe les motifs apparents invoqués, une femme envoie un signal de soumission. Elle s’infantilise, redevient l’enfant qui a besoin d’être guidée par son partenaire.
C’est le paradoxe de l’époque actuelle : les femmes ont acquis les mêmes droits que les hommes, s’affirment dans tous les domaines mais concernant le corps, l’infantilisent comme jamais il ne l’a été. J’en reparlerai plus loin, la blondeur, la minceur et l’aspect glabre renvoient à l’enfant. Un homme fantasmant sur une blonde, mince et épilée intégralement est dans la pédophilie inconsciente car il est excité par ce qui caractérise la fillette impubère.
Les seuls à revendiquer l’épilation du pubis étaient les pratiquants de SM : l’épilation fait partie du rituel de soumission. Se faire raser le pubis y était la dégradation ultime, rendant les femmes infantiles, comme dans le passé.

Extrait de la page parlant de la première pub (voir chapitre 5)

Dr. Rita Freedman, nationally known author, speaker and women’s psychology expert, writes in her book, Beauty Bound, « Body hair signals sexual maturity as well as dominance. Females are socialized to censor body hair, just as they are taught to repress their sexuality. The silky legs and hairless underarms of a child-woman connote her sexual innocence, even as they make her more sensuous- part of a social myth of female beauty which serves to keep women in their place as ‘the fair sex,’ powerless, weak and properly submissive. »

Cela a été écrit en 1986. Je traduis : la pilosité signale la maturité sexuelle mais aussi l’autorité. Les femmes sont socialisées pour censurer leur pilosité, comme elles sont éduquées pour réprimer leur sexualité. Les jambes lisses et les aisselles sans poils d’une femme-enfant connotent son innocence sexuelle, même si ça la rend plus sensuelle, ce qui fait partie du mythe social de la beauté féminine qui sert à maintenir les femmes à leur place en tant que ‘beau sexe’, sans pouvoir, faible et soumis.

Commentaire trouvé sur le site de la BBC, suite à un documentaire sur la pilosité

There seems to me to be something both worrying and obscene about the societal requirement for adult women to remove the body hair that proclaims them sexually mature adults and turn themselves into facsimiles of pre-pubertal girls. Kate Corwyn, Bristol.

Traduction : il y a quelque chose d’inquiétant et d’obscène concernant les femmes adultes à propos de l’injonction sociétale leur imposant d’enlever leurs poils qui font d’elles des adultes sexuellement matures alors qu’elles se transforment en fac-similés de fillettes prépubères.

Les esprits sont contaminés par l’absence de PF dans les médias. Sur la page Wikipedia consacrée à la puberté, voici ce qu’on pouvait lire en 2007 : Pour la femme : « développement des seins et de la vulve; développement de la pilosité pubienne; début des menstruations, qui sont le critère usuel de puberté chez la femme. »

Aucune mention des poils aux aisselles ! Un des membres du forum auquel je participe a modifié l’article en rajoutant ce qui manquait. Cela paraît anodin mais cet « oubli » montre bien qu’on a intériorisé la notion « une aisselle féminine est lisse ». C’est vrai que Wikipedia n’est pas toujours un exemple à suivre mais si sur quelque chose comme la puberté, on omet déjà de décrire correctement les changements corporels, il ne faut pas s’étonner que les jeunes soient choqués de voir des poils aux aisselles sur le corps des femmes.

Un témoignage du forum de « Psychologies magazine », datant de 2007.

Si à l’âge de 45 ans j’ai décidé de m’épiler complètement, c’est justement parce que j’accepte mieux mon corps et mon sexe de femme, et la sexualité qui va avec; c’est parce que j’accepte d’exposer ce sexe au regard de l’autre, dans mon intimité, parce que j’ai envie de le parer, ce sexe, de temps en temps avec des jolis dessus, ouppps, dessous. Essayez donc un mini-string avec des poils qui dépassent de partout!! Et puis, qui aime se retrouver avec des poils dans la bouche lors des caresses buccales intimes; ni moi, ni mon amant en tout cas, et j’apprécie aussi qu’il s’enlève quantité de poils.
Et en ce qui concerne le sexe de petite fille, croyez-moi, après avoir enfanté deux fois, ma vulve n’a plus rien à voir avec celle d’une petite fille.
Une autre façon de porter son regard sur l’épilation intégrale, serait peut-être de considérer ces femmes qui veulent voir, s’approprier, ressentir, partir à la découverte de leur propre sexe, de leur propre plaisir, car malgré les dossiers, les livres, l’éducation sexuelle à l’école, et la libération des mœurs (entre nous, surtout celle de la pornographie), combien sommes-nous encore à devoir nous libérer de la honte d’être une femme sexuée. S’épiler intégralement n’est donc peut-être pas la marque de la honte, mais celle de la volonté de se libérer de cette honte incrustée dans l’inconscient collectif de notre société, et donc les spécialistes sont aussi dépositaires.

Ce témoignage faisait référence à un article du magazine intitulé « Peur des poils, peur du sexe ? » où Marc Alain Descamps disait ceci : Les femmes ne connaissent plus leur corps, elles ont honte de leurs poils, de leur odeur, de se toucher

L’article peut être consulté ici

J’ai expliqué à cette femme en quoi la honte d’être une femme sexuée n’était pas la sienne mais celle du patriarcat. C’est la PF qui a été taboue pendant des siècles et non pas l’épilation, se libérer de ce tabou aurait donc été d’arrêter de s’épiler le sexe. D’autre part, elle est contradictoire en disant accepter son corps tout en le transformant. Comme si un Noir disait « j’accepte ma couleur de peau et je me colore en blanc ».
Après des échanges très animés, elle a fini par reconnaître que c’est son amant du moment qui lui avait demandé de se raser intégralement et qu’elle n’en aurait peut-être jamais eu l’idée. On voit bien à quel point certaines femmes sont aveuglées et croient être subitement « libres » parce que sans poils. Les poils n’ont jamais emprisonné personne. C’est l’éducation, la société qui emprisonnent. On notera au passage qu’elle se justifie en disant que sa vulve n’est plus celle d’une petite fille. Rien que le fait de le dire pose question. C’est surtout symboliquement que le sexe rasé renvoie à la fillette. Heureusement que son sexe est différent de celui d’une fillette. Mais vu de loin, la confusion est possible.
Le poil dans la bouche semble être un gros problème pour beaucoup de gens depuis la prolifération de la pornographie gratuite. Dans les années 80, je parlais de cunni avec des copains de mon âge et aucun ne se plaignait d’hygiène douteuse ou de poils dans la bouche, on était surtout content de donner du plaisir aux femmes. C’est une évidence que les pornos ont « sali » les poils. Avoir un poil en bouche, ça m’est arrivé une ou 2 fois en 25 ans de vie sexuelle, il n’y a vraiment pas de quoi en faire un plat. Etant donné qu’il n’y a pas de poils sur le clitoris, la personne qui serait gênée par les poils ne sait peut-être pas s’y prendre pour donner du plaisir ?
D’autre part, quand j’embrasse les cheveux de ma femme, je pourrais aussi avoir un cheveu en bouche. Dois-je lui demander de se raser le crâne pour m’éviter cet inconvénient ?

Sur le forum de Psychologies magazine, une femme résumait bien la situation en 2006

au final qu’est-ce qui est plus désagréable, s’oter un poil de la bouche ou arracher un poil à une muqueuse fragile et délicate?

Même wikipedia est tombé dans le piège. A la page consacrée au cunnilingus, on lisait ceci
De plus, l’épilation partielle ou totale du pubis évite à celui ou celle qui prodigue le cunnilingus d’ingérer des poils.

Cette ineptie a été rectifiée entre-temps. Les poils pubiens des femmes ne sont pas une « garniture inutile », ils sont une barrière contre les mycoses et autres bactéries. De nombreuses femmes pratiquant le rasage du pubis se plaignent d’infections car le rasage fragilise la peau.

Sur cette même page, on trouve ceci

En Occident, sous l'{Empire romain}, le cunnilingus était déprécié car il était considéré comme une soumission de l’homme envers la femme{[4]}. Preuve de cette condamnation morale, {Suétone} impute cette pratique à l’empereur {Tibère} dans l’inventaire des turpitudes sexuelles qu’il lui attribue{[5]}.

Que faut-il comprendre ? Non pas qu’aucun homme ne faisait de cunni à sa femme mais il ne s’en vantait pas auprès d’autres gens car il aurait été vu comme soumis à sa femme. Et ça, c’était impensable à l’époque. Quand aujourd’hui, des hommes refusent un cunni, ils ne font que perpétuer une vieille loi misogyne, sans même le savoir en conscience.

On rencontre beaucoup d’hommes qui disent aimer les poils pubiens mais pas du tout ceux des aisselles. Pour moi, c’est contradictoire. Etant donné que les poils à cet endroit poussent en même temps qu’au pubis, je les trouve tout autant féminins et à leur place que les poils pubiens.
Les femmes qui montrent leurs aisselles naturelles en public affichent d’une certaine façon leur pubis, c’est donc un signe très fort envoyé aux autres : « je suis une femme adulte et sexuée et je le prouve ». Certaines femmes m’ont dit ne pas vouloir montrer leurs poils aux aisselles en public car c’était pour elles une forme d’impudeur, ce que je comprends car le pubis est intime, par définition, alors que les aisselles s’exposent plusieurs fois dans l’année, elles deviennent donc « publiques ».
Malgré que je sois opposé à l’épilation pubienne, je trouve malgré tout qu’il y a une logique dans la préférence pour l’épilation conjointe des aisselles et du pubis.

Info trouvée à la page Axilisme de Wikipedia

L’axilisme est une pratique {sexuelle} consistant pour un homme à se masturber à l’aide des aisselles de son ou sa partenaire. La peau des aisselles étant sensible aux stimulations chez certaines personnes, les deux participants peuvent y prendre du plaisir et le rapport pourra aboutir à un {orgasme}.
Le contact des {poils} (ceux de la {verge} et ceux des {aisselles}) et les {phéromones} qui se dégagent de ces régions semblent être un stimulant {érotique} pour les adhérents à cette pratique, d’autant plus que les femmes qui s’{épilent} les aisselles sont majoritaires, et qu’un parallèle peut être établi entre la pilosité des aisselles et celle du pubis.

Une anecdote macabre concernant les poils pubiens des femmes m’a frappé. En 2008 au Royaume-Uni, un tueur en série s’en prenait à des prostituées, il les tuait et ensuite, leur rasait le pubis ! La symbolique du geste est très forte, je trouve. C’est réellement leur maturité sexuelle qu’il mutilait.

Un homme fréquentant des clubs échangistes à Paris me disait que presque toutes les femmes y sont épilées intégralement. Comme si le libertinage signifiait automatiquement être glabre.

Voici ce que dit Catherine Blanc sur l’aspect sexuel des poils

Catherine Blanc, sexologue, donne son point de vue sur cette traque du poil :« Les poils sont le symbole de la maturité sexuelle. Ils nous renvoient à quelque chose de très animal. Dans les années 70, la sexualité était dans la rue. On manifestait dans la rue, on faisait presque l’amour dans le rue et on était « toutes touffes dehors » : c’était la révolution sexuelle. Or on n’est plus dans la révolution mais dans la liberté sexuelle. Le problème de la sexualité n’est pas réglé, on en a toujours peur, mais il est maîtrisé. La chasse au poil, c’est une maîtrise de son image, de sa sexualité. C’est une façon de s’approprier sa propre sexualité. Chez la femme, c’est aussi le symbole de l’éternelle jeunesse. On a peur de vieillir, donc ce retour à un sexe de petite fille rassure sur son propre chemin vers la Mort. Mais je pense que c’est une mode jusqu’à la prochaine lubie pour avoir l’impression de maîtriser sa sexualité. »

Je ne suis pas d’accord avec la dernière phrase, l’épilation des femmes n’a jamais été une mode mais une injonction et rien n’indique le moindre retour en arrière pour une simple raison : ne pas s’épiler, ça ne rapporte rien. On m’a d’ailleurs déjà dit « mais vous allez mettre des gens au chômage si les femmes arrêtent de s’épiler ». A noter la pauvreté de l’argumentation.

Voici ce que dit le sexologue Gérard Zwang à propos du sexe des femmes dans son livre « Le Sexe de la Femme », en 1979.

Se prenant pour le parangon des vertus humaines, le mâle n’a pas encore pardonné à la femme ni d’être différente de lui tout en lui ressemblant, ni, surtout, de posséder une subjectivité autonome malgré sa moindre force physique. De là découlent, depuis la mauvaise foi jusqu’à l’agression armée, ces déshonorantes conduites de haine contre le sexe de la femme.

Tout est reproché à la vulve et au vagin, de leur anatomie comme de leur physiologie : navrante litanie !

Le sexe de la femme est velu : d’une façon générale, la femme n’a pas le droit de posséder du poil ; c’est gênant, disgracieux, sale. Pourtant l’homme ne se sent nullement incommodé par sa propre pilosité ; bien au contraire il en tire gloire, se trouvant d’autant plus séduisant et viril que velu : le poil, bien avant Samson, était déjà le symbole de la force masculine. Depuis des millénaires, les femmes de nombreuses contrées s’épilent avec assiduité le Mont et les grandes lèvres. C’est pour complaire au mâle, émondant une toison outrecuidante qui lui fait offense, qui empiète sur sa prérogative pileuse. La plupart de nos contemporaines (sauf les malheureuses créatures que sont les femmes arabes) ont renoncé à ce ridicule déboisage. Les civilisées n’en continuent pas moins à pourchasser « le poil superflu » des jambes, de la face, des sourcils ; encore plus systématique et révélateur le rasage des aisselles : ce creux des bras, odorant, humide et velu, rappelle par trop le creux des cuisses, y conserver du poil constitue une coupable négligence. Dans un chapitre particulièrement odieux du livre qu’il a eu le front d’appeler L’Erotisme, Bataille explicite la joie sadique qu’éprouvent ceux qui lui ressemblent à dénuder, dévoiler les parties pileuses de la femme et à lui faire honte de cette animale pilosité. Animale… si l’on veut, car si Bataille n’avait pas été un parfait ignorant en zoologie (comme en paléontologie) il aurait su que la vulve des quadrupèdes et même des anthropoïdes est glabre. Le poil vénusien et vulvaire est un ornement spécifiquement humain, spécifiquement féminin.

On peut lire la suite ici

J’ai trouvé un texte très intéressant de la psychanalyste Jacqueline Schaeffer, intitulé le tabou du feminin qui décrit précisément la crainte que le sexe et les poils des femmes inspirent aux hommes, et ce, depuis des millénaires. Voici quelques extraits.

Ces peurs et ces tabous se concentrent sur la femme qui, écrit Freud, « est autre que l’homme,… incompréhensible, pleine de secret, étrangère et pour cela ennemie »… Il s’agit d’une terreur primaire. Les mesures d’évitement se portent aussi bien sur le toucher que sur le « voir ».

Mais on sait que, devant un homme, l’exhibition est soit insultante soit terrorisante. Dans l’Antiquité et de notre temps – comme ce fut le cas lors de la guerre d’Espagne et au cours de certains génocides – des femmes ont fait honte et fait reculer les hommes d’un peloton d’exécution et d’autres, prêts à tous les massacres, en retroussant leur jupe. Comme pour leur dire : « Regarde d’où tu viens ! » Et le Diable lui-même, chez Rabelais, s’enfuit devant une femme qui lui exhibe son sexe. Une terreur sacrée ! On trouve des représentations de Baubo, « vulve mythique personnifiée », dans de nombreuses civilisations. Une Gorgone étrusque sur un char, qui exhibe son sexe et tire la langue d’une énorme bouche dentée, devait inspirer la terreur aux ennemis. Elle maîtrise des fauves, comme la Maîtresse des Animaux sauvages, souvent identifiée à Artémis, et à la Grande Mère des Dieux, c’est-à-dire à Rhéa, épouse de Kronos, mère de Zeus et de divers autres Olympiens. La tête de Méduse, une des Gorgones, qui ornait le bouclier de Persée, renvoyait l’image d’un visage entouré de serpents à la bouche ouverte déformée et avide, dont le regard pétrifiait l’adversaire. Freud fait de cette figure la représentation du sexe de la mère, entouré de poils pubiens, provoquant l’effroi de la castration et sa représentation en son contraire par la multiplication.

L’évolution de l’homo erectus, lorsque l’homme s’est redressé debout au-dessus de la savane, a transformé à la fois l’inclinaison de son cerveau, mais aussi le sens de sa sexualité. Jean-Didier Vincent précise que, dans cette station verticale le sexe féminin qui était visible est devenu invisible. Ce sexe que même nue la femme ne laisse pas voir. Bien dissimulé sous le tissage des poils pubiens. Seul le sexe masculin est visible.

C’est en regard de leur angoisse pour un sexe féminin intérieur, invisible et irreprésentable que les filles et les femmes ont recours à un investissement de la « féminité ». Une féminité de surface, celle de la parade ou de la mascarade, celle des robes, talons, bijoux, parfums, maquillages. Si le surinvestissement narcissique des hommes porte sur le pénis, c’est leur corps tour entier que les filles et les femmes investissent, accroché à la réassurance du regard de l’autre. Cette féminité visible fait bon ménage avec la logique phallique. Elle consiste en effet à valoriser, selon le même modèle, ce qui se voit, ce qui se montre et s’exhibe, ce qui s’extériorise et a pour but de rassurer l’angoisse de castration, celle des femmes comme celle des hommes. Ce visible de la féminité est en fait un voile mis sur le creux informe, insaisissable, irreprésentable du sexe féminin, sur son inquiétante ouverture, sur ses débordements de liquidités, sur le sang qui s’en échappe. L’exaltation des rondeurs féminines, de la forme exquise du sein vient contre-investir cette angoisse de l’informe. Cachez ces poils ! La répression. Le tabou s’exerce alors sur l’objet qui est censé cacher, en lieu et place de celui qui doit être caché. S’agit-il d’un retour de l’élément refoulant en lieu et place du refoulé ? Je dirai qu’il s’agit davantage d’une répression. C’est la pilosité qui subit l’opération de répression de ce qu’elle était censée dissimuler. Encore la toison pubienne ! Le poil qui a marqué l’advenue de la puberté, du surgissement du sexuel génital recueille l’héritage de l’obscénité du sexe féminin. Ce qui est appât sexuel, ce qui doit demeurer caché se déplace sur les poils, sur les cheveux.
Une patiente musulmane qui présente un symptôme vaginique dit : « Quand on m’a coupé les cheveux, j’ai eu l’impression de ne plus avoir de sexe ». Sous le voile des musulmanes intégristes, aucun cheveu ne doit dépasser, aucun signe de tentation féminine ne doit être manifeste. Leurs pubis sont soigneusement épilés, rasés. Les femmes mariées dans la religion juive ont la tête rasée et portent perruque. Les inquisiteurs chasseurs de sorcières, au Moyen Âge, rasaient les femmes hystériques, supposées cacher le diable fornicateur dans leurs poils pubiens. Au Japon, paradis de l’industrie du sexe et des sex-shops, les poils pubiens sont encore aujourd’hui tabous : les films occidentaux sont censurés de mosaïques, livres et revues sont nettoyés de leurs détails hirsutes. Dans les années 1960, un cinéaste nippon fit scandale en filmant à la fois les poils pubiens et les aisselles de son héroïne. Signe d’érotisme. Apollinaire, dans les tranchées de 1915, écrivait à Madeleine : « Ta toison est la seule végétation dont je me souvienne ici où il n’y a pas de végétation ». Certains rites assimilent la chevelure, les poils pubères et le sang.

En 2010, le premier livre en français consacré à la pilosité féminine est enfin sorti ! Il s’agit de « Défense du poil – Contre la dictature de l’épilation intime », du journaliste Stéphane Rose, aux éditions La Musardine.

Voci la quatrième de couverture

Les sexes féminins foisonnants des années 70, c’est fini ! Après avoir plébiscité le maillot brésilien puis le «ticket de métro», en 2010, les femmes succombent en masse à l’épilation intégrale. Si la presse féminine en fait chaque semaine son beurre dans ses pages «beauté» ou «bien être», le phénomène mérite d’être sorti du cadre de l’intime pour être observé à l’échelle sociétale. Pornographie omniprésente, culte de la jeunesse, hygiénisme rampant, industrie cosmétique agressive se cachent en effet derrière le masque du consentement des femmes à se séparer des derniers poils qui leur restaient sur le corps. Amateur de sexes touffus et chantre de la diversité des corps, Stéphane Rose a mené l’enquête pour comprendre les raisons de ce tsunami dépilatoire. À la croisée de l’enquête journalistique, de l’éloge érotique du poil et du pamphlet sans concession, son livre se veut un plaidoyer pour la réimplantation des poils pubiens dans les petites culottes.

Voici ce que disait Stéphane Rose sur le site rue89

Camille : Quand as-tu commencé à réfléchir au poil comme un sujet engageant, sinon politique ?
Stéphane Rose : Pour être honnête, mon point de départ n’était ni engagé, ni militant : c’est juste le constat frustré d’un mec qui aime les poils pubiens, et qui à chaque fois qu’il découvre un nouveau sexe de femme, tombe sur un sexe épilé. J’ai donc cherché à comprendre pourquoi.
J’ai commencé, pour m’amuser, à mener une enquête sommaire dont les conclusions m’ont tellement effrayé que j’ai voulu en faire un livre.
En découvrant que l’épilation était utilisée comme une arme par diverses forces oppressantes et aliénantes pour l’humain (pornographie, presse féminine, industrie cosmétique, hygiénisme…), mon point de vue est devenu politique et engagé.
C: Penses-tu que les sexes tout épilés se veulent un rappel de la pré-puberté ?
SR: Non, car ce serait nier l’érotisme bien réel du sexe glabre. On peut très bien s’épiler en s’inscrivant dans une démarche érotique visant à s’offrir de nouvelles sensations et/ou en offrir à ses partenaires.
Mais, puisque le poil est un signe de la maturité sexuelle, s’épiler durablement et définitivement (comme c’est le cas quand on le fait au laser) signifie, il me semble, renoncer à cette maturité, bref devenir un perpétuel enfant.
Ce qui va bien dans le sens des courants hygiénistes qui nous contraignent à combattre les poils, mais aussi les rides, le gras et tout ce qui égratigne l’idéal juvénile associé au corps désirable.

Il est sincère : sa démarche n’est ni engagée, ni militante. C’est respectable mais un peu dommage. Cela donne l’impression qu’il ne parle des poils des femmes que du point de vue d’un homme, avec tout ce que cela comporte. Mais ce qui est regrettable, c’est que son livre ne traite quasiment que des poils pubiens, pas ceux des aisselles, des aréoles et des jambes, qui apparaissent pourtant à la puberté aussi. Car des défenseurs des poils pubiens, il y en a des masses. C’est bcp plus rare de trouver des hommes (ou des femmes) qui trouvent une charge érotique aux autres poils du corps féminin.

Voici son blog où il en parle, j’y ai d’ailleurs posté des commentaires, et des liens vers des sites parlant du livre

En 2007, une auteure anglaise a publié un livre intitulé : « The last taboo: women and body hair » de Karin Lesnik Oberstein, prof à l’unif de Reading (Royaume-Uni).
Il semble que ce soit le tout premier sur le sujet, peu importe la langue !
On peut voir la couverture ici

Commentaires à propos du livre :

This is the first academic book ever written on women and body hair, a subject which has, until now, been seen as too trivial, ridiculous or revolting to write about. Even feminist writers or researchers on the body have found remarkably little to say about body hair, usually not mentioning it at all. If women’s body hair is noted, it is either simply to accept its removal as an inevitable aspect of female beautification, or to argue against hair removal as a return to a ‘natural’ and un-oppressed female body. The only texts to elaborate on body hair are guides on how to remove it, medical texts on ‘hirsutism’, or fetishistic pornography on ‘hairy’ women. ‘The last taboo’ asks how and why any particular issue can become defined as ‘self-evidently’ too silly or too mad to write about.


10. La pornographie et les images érotiques

En tant que féministe, je suis choqué par la pornographie telle qu’elle est présentée depuis les années 90, via les chaînes câblées de la télé (Canal+ en France et en Belgique) et via Internet qui l’a fait entrer massivement et gratuitement dans les foyers. La pornographie n’a rien de choquant en soi mais comme je l’ai déjà dit maintes fois, nous vivons dans un monde patriarcal et les premiers producteurs de films X, dans les années 70, étaient des hommes de « l’ancien monde », formatés par l’idée que les femmes n’étaient que des objets sexuels.
Les premiers films X sont androcentrés (centrés sur le plaisir des hommes), sans surprise. On voit donc des femmes lascives, qui ne pensent qu’à se faire pénétrer et un homme viril, puissant, qui va les amener au septième ciel avec certitude. Ce qu’on ne montre pas, c’est la préparation nécessaire, surtout pour les femmes. Elles doivent subir des lavements, des lubrifications pour qu’au moment de la pénétration, ça ait l’air d’entrer tout seul.
Mais le machisme n’est jamais loin. Ainsi, l’éjaculation faciale n’est selon les psys qu’une atteinte à la beauté des femmes. Les hommes sont inconsciemment jaloux de cette beauté et en aspergeant de sperme le visage des femmes, ils détruisent symboliquement cette beauté. C’est une interprétation discutable mais elle cadre parfaitement avec la peur ancestrale que les femmes provoquent chez les hommes.
Pour ce qui est de l’épilation, la plupart des actrices ont les aisselles épilées mais pour le pubis, il est très souvent laissé naturel. Quoique. Dans le fameux « Gorge profonde », on voit Linda Lovelace se raser le pubis, c’était en 1972 !
Quand on sait qu’elle a été obligée par son mari qui était son producteur de subir les scènes de fellation, l’acte de rasage prend une autre signification. L’épilation pubienne a aussi son public, les SM, j’en ai déjà parlé dans le chapitre sexualité. Des producteurs tournent des films dit « normaux » mais aussi, des films SM, où l’on rase intégralement les femmes, en signe d’humiliation. Cela a malheureusement donné l’idée à certains d’entre eux d’introduire la pratique avant de la généraliser à tous les films et cela, dès le début des années 90.
Voici un extrait de ce que disaient les sociologues québécois Richard Poulin et Amélie Laprade à ce propos, en 2006, sur le site sysiphe.org, dans un article sur l’hypersexualisation des jeunes filles et l’infantilisation des femmes.

Une des techniques d’infantilisation (qui est apparue à la fin des années quatre-vingt) utilisée par la pornographie est l’épilation totale du pubis (acomoclitisme), comme si la femme mise en scène était d’âge prépubère. Cette technique a également pour fonction de mieux montrer les parties génitales, car la pornographie vise une « extrême visibilité » . Aujourd’hui, chez bon nombre de mes étudiantes de deuxième année universitaire, il est normal d’épiler le pubis. Pour des raisons d’hygiène, prétendent certaines, comme si le corps naturel de la femme était « sale ». Ce préjugé ne tombe pas du ciel, il suffit de regarder le nombre de publicités qui enjoignent les femmes de se laver, de se parfumer, de se « déodorer », de s’épiler, de tarir tout fluide émanant de leur corps, etc. Hier synonyme de sexualité chez les femmes, le poil pubien est désormais anti-érotique. Comme si la femme ne devait pas être une femme, mais se devait de rester fillette. De nos jours, les poils pubiens sont associés à la souillure, aux mauvaises odeurs. Le sexe glabre (ou presque) est une norme (10). En mai 1994, le magazine Vingt ans donnait déjà ses instructions pour l’épilation à la jeune fille qui, venant à peine d’achever sa puberté, se retrouvait à traquer ses poils pubiens.
Dans la pornographie actuelle, un pubis non épilé fait partie des bizarreries, au même titre que la zoophilie et l’ondinisme. Sur les sites pornographiques, cette catégorie est nommée « Hairy » en anglais et « Poilues » ou « Hirsutes » en français. Les marchands de pornographie constatent que les « cassettes de femmes poilues ne se vendent plus » .

Il faudrait un livre pour commenter ce passage. La catégorie « poilues » est aberrante puisque toutes les femmes ont des poils. Imaginerait-on une catégorie « femme avec 2 bras et 2 jambes » ou « femme avec des seins » ?
C’est clairement considéré comme du fétichisme. Or, le fétichisme est le fait d’attribuer un caractère érotique à ce qui n’en a pas, tout le contraire de la pilosité sexuelle, en somme. A la limite, le fétichiste est celui qui exige un pubis épilé.
On notera aussi le fait que dès 94, un magazine incite les jeunes filles à se raser intégralement, au moment où la pornographie a commencé son lavage de cerveau.
Qu’on ne se méprenne pas, je ne suis pas pour que toutes les femmes dans la pornographie et l’érotisme ne se rasent plus. Mais je pense qu’il est possible de trouver un équilibre entre les corps infantilisés et les corps naturels. Il y a bien des blondes et des brunes, des grandes et des petites, des gros seins et des petits seins, des piercings, des tatouages ou aucun des deux. Le seul point commun entre ces femmes, elles n’ont de poils que sur la tête et au-dessus des yeux !
Les partisans de l’intégrale évoquent souvent l’esthétique. Mais depuis quand décrète-t-on ce qui est esthétique ? N’est-ce pas subjectif ? Personnellement, je trouve qu’un pubis rasé n’est pas inesthétique mais il renvoie tellement à la fillette impubère que je suis incapable d’y voir un quelconque érotisme.
Parfois, les femmes gardent quelques poils, comme une espèce de caution pour dire « vous voyez, on n’enlève pas tout, on n’est pas des petites filles ». C’est le ticket de métro, je préfère l’appellation plus réaliste de « moustache d’Hitler ». Ce petit toupet est ridicule, on dirait un oubli, comme si la tondeuse était passée à côté.
L’expression « femme à poil » devrait d’ailleurs s’orthographier a-poil pour indiquer l’absence de pilosité.
En 2010, pour trouver des femmes naturelles dans la pornographie, il faut se rabattre sur des sites « spécialisés ». Il y en a beaucoup, preuve que la demande est grande, alors pourquoi les producteurs de X n’incluent pas quelques femmes naturelles dans leurs films ? Pour les infantiliser, je ne vois pas d’autre explication. Certaines actrices se font aussi réduire la taille des grandes lèvres (nymphoplastie) pour justement, donner un aspect plus juvénile au sexe et ce, à la demande des producteurs. Mais certaines femmes réalisatrices de X, comme Ovidie, essaient malgré tout de créer une pornographie « féministe » où le plaisir n’est plus uniquement androcentré et où les femmes ne sont pas rasées intégralement mais c’est vraiment marginal et j’émets des doutes sur la démarche féministe qui pourtant, a sa place dans la pornographie et l’érotisme.

Dans les films X, les hommes ont souvent le sexe épilé mais la motivation est différente : le pénis paraît plus long sans poils. Cela entretient d’ailleurs le complexe de la taille chez beaucoup d’hommes mais c’est une autre histoire.

Dans l’article du magazine « Elle » de janvier 2010, on lit ceci

Comment l’uniformisation se propage-t-elle ? « Par les films pornos », disent en choeur les esthéticiennes de quartier, qui constatent une augmentation constante de la demande d’épilations intégrales ou sous forme de ticket de métro, et ce malgré la douleur. Toutes les clientes n’en sont pourtant pas des spectatrices assidues et peu d’entre elles les citent comme source.

Voici un commentaire assez lucide d’un homme sur son attrait pour les corps glabres, il vient d’un blog, en 2005.

personnellement j’aime le sexe de femmes épilé de maniére integrale ou avec juste un petit trait, je trouve cela excitant, cela est dut je suppose a ma découverte de la sexualité via magazine et autres filme classer x ou toute les femmes sont présenter ainsis… mais je n’ais rien contre une femme non épilé a partire du moment ou c’est entretenue et couper court (trés court). pour ce qui est des aisselles et des jambes j’avoue étre plutot intransigeant… a blanc

Il est assez rare d’ailleurs de lire ce genre de témoignage. La plupart des hommes qui disent consommer des films X refusent de reconnaître l’influence de ceux-ci sur leurs goûts ou pratiques.

Pour les images érotiques, il s’est passé à peu près la même chose que pour les films X mais il est nécessaire de préciser le contexte historique.
En dehors de l’art, il n’y avait pas de poils représentés sur le corps des femmes mais il n’y avait pas non plus de fente vulvaire, comme si les femmes n’avaient pas le droit d’avoir un sexe ! Non seulement, on ne représente pas les poils mais même le sexe n’a pas voix au chapitre ! Cette négation même de la féminité est extrêmement grave, c’est comme une excision symbolique.
Aux USA, c’est au début des années 1970 que l’interdiction est levée et en France, c’est Giscard d’Estaing en 1975 qui a autorisé qu’on montre des poils pubiens et la fente vulvaire. Dans les années 1950 paraissait la revue érotique «Paris-Hollywood», une espèce de Playboy avant l’heure, voici une couverture datant de 1952. Mais elle ne publiait pas de photos sans les retoucher car il y avait une censure draconienne interdisant toute représentation du sexe féminin et de la toison pubienne. Les photos de femmes entièrement nues étaient retouchées et le bas du ventre des modèles apparaissait lisse et dépourvu de tout détail. Mais depuis le milieu des années 90, les pubis féminins perdent à nouveau leur toison dans ces magazines et dans les films X. On voit bien en quoi c’est un retour au puritanisme, la parenthèse pileuse aura duré moins de trente ans.

Sur la page wikipedia consacrée aux guerres pubiennes, on a le détail des dévoilements du corps des playmates, concernant Playboy et Penthouse, fin des années 1960.

Le site sexactu.com a analysé l’évolution des pubis féminins dans le magazine Playboy. On évoque les Miss Playboy des années 71 à 2008 avec une photo pour chaque année. L’article s’appelle la fin de L’origine du Monde, il y a ± 50 commentaires qui datent de 2008.
Voici comment le sujet est introduit

Ce site retrace l’histoire du pubis via l’évolution des playmates. Mise à plat, l’évolution est rapide. On peut la réduire à trois dates :
– 1992 : les playmates commencent à envisager de ratiboiser le buisson,
– 1999 : le ticket de métro devient la norme,
– 2005 : disparition totale du poil.

Et voici deux commentaires :

– Cette mode du pubis féminin rasé met en évidence un paradoxe apparent : sexuellement, les jeunes femmes n’ont jamais été aussi « impures » (multiples partenaires, diversification des pratiques sexuelles, etc.) et jamais elles n’ont essayé autant d’afficher leur « pureté » (vulve parfaitement épilée, port de pantalons d’un blanc immaculé, etc.). Souci de paraître plus pures et fiables qu’elles ne le sont réellement ? A méditer du point de vue de la psychologie évolutionniste.

– Le « déshabillage » du pubis et de la vulve a banalisé l’image des lèvres vaginales.
Les regards se sont neutralisés. C’est à dire, que comme pour les seins dénudées des femmes sur les plages, une norme s’est imposée, quand à la forme des lèvres montrables.
Ces lèvres, celles de la très grande majorité des actrices du cinéma et de la vidéo pornographiques, deviennent un exemple pour les autres femmes de ce doit être la conformation de la partie externe du vagin. Une manière en somme d’être « sexy » pour elles.
Les lèvres donc, se doivent d’être très fines et ne pas déborder de la vulve. Même le capuchon du clitoris ne doit pas être proéminent.
Ainsi, depuis quelques années s’est développée une chirurgie sexuelle. On réduit le bombement des lèvres à l’entrée du vagin, on enlève le capuchon du clitoris, on diminue même le volume apparent de la vulve. Ces opérations esthétiques paraissent de plus en plus demandées.
Dépouillée de sa pilosité, sa nudité réduite à la fleur de la peau, c’est comme s’il n’y avait plus rien que l’apparence. Si la révélation est absolue, elle semble s’accompagner d’un retour de l’inquiétude. Ce n’est plus une moralité tourmentée par le dévoilement impudique du corps mais la nudité devenue spectacle s’expose à l’évaluation esthétisante des regards.

Voici le lien direct vers les pages du Playboy, (il s’agit en fait du site webarchive car le site Playboy a bizarrement supprimé ces archives)

J’ai eu confirmation de la tendance vers le rasage intégral dans les images érotiques. Il y a une chaîne du groupe AB qui diffuse en Belgique des séquences érotiques venant d’un certain Louis de Mirabert, qui a d’ailleurs un site Internet. On y voit des femmes se caresser langoureusement dans un décor paradisiaque, parfois seules, parfois à deux ou à trois, un homme intervient de temps en temps mais on ne voit pas son sexe. Les femmes sont très différentes : des petites, des grandes, des Blanches, des Métisses, des Noires, des blondes, des brunes, des petits seins, des gros seins. Seul point commun : pas de poils aux aisselles, le pubis étant parfois avec le ticket de métro et même dans ce cas, les poils sont très courts mais bien souvent complètement lisse. Là, on n’est pas dans le porno puisqu’il n’y a pas d’acte sexuel et malgré tout, aucune trace de poil. On peut laisser des messages sur son site, j’en ai profité en 2007 pour dire que c’était bien de montrer des images érotiques mais je m’interrogeais sur l’absence de poils, mon message est resté une heure et a été supprimé ! Il était pourtant bref et pas du tout critique, je posais simplement une question. Comme quoi, ça dérange qu’on mette le doigt sur une certaine vision de « l’esthétique » des femmes et plutôt que de me répondre comme il le fait suite aux éloges d’autres gens, il a préféré éluder le problème. Cela rejoint ce que dit la réalisatrice du docu « Tous à poils ! », une preuve de plus du tabou.

Autre confirmation grâce à Lila, une femme qui pose comme modèle pour des peintres et des photographes et qui a choisi de ne pas se raser le pubis. Elle a ouvert un sujet sur le forum de Miel en 2008. Je lui ai demandé si on lui faisait des remarques positives ou négatives sur son choix.

les remarques désobligeantes sont courantes des photographes et des autres modèles, certaines attaques vont très loin. Certains ont été jusqu’à me proposer de me raser avant la séance, comme si c’était un oubli involontaire de ma part … charmant. Sur des commentaires sur mes photos, il n’est pas rare de lire, beau sourire …blablabla … mais tu aurais pu t’épiler tout de même. J’ai heureusement aussi beaucoup de photographes et de peintres qui m’ont encouragé.

J’ai aussi demandé si les autres modèles s’épilaient toutes, si elle avait vu une évolution les dernières années et si les remarques venaient plutôt des jeunes ou des plus âgés.

– Oui, la plupart des modèles ont le pubis épilé et de plus et plus , je m’explique : il y a de cela encore 3 ans la mode chez les modèles était le « ticket de métro », maintenant c’est la version zéro poil…
– Les remarques viennent de toutes les tranches d’âge mais à y réfléchir , les plus directes viennent des plus jeunes ( 20-30 ans )
– Pour l’évolution , oui, c’est très net, j’ai d’ailleurs bcq d’amis photographes qui sont dans le métier depuis plus de 25 ans et qui regrettent bcq la période naturelle.

Mais certaines transgressent le tabou des poils aux aisselles, comme Vita/Orlando, une étudiante qui pose pour des photos érotiques. Ce qui est étonnant et plutôt rare, c’est qu’elle se rase parfois le pubis intégralement, tout en gardant les poils aux aisselles.

Sur sa page d’accueil, elle dit ceci Mon corps est modifié par des tatouages et des piercings, je ne m’épile pas les aisselles, sauf si je le décide. Je n’entends pas être une belle femme lisse, les choses sont bien plus complexes que ça.

Je donne encore d’autres éléments à propos de l’épilation pubienne sur le forum de MIEL

Pour ceux qui n’ont pas l’habitude voir des pubis féminins au naturel, un blog en montre plus de 200, dans une pose proche de celle du tableau de L’origine du monde

Cela vaut la peine de parcourir plusieurs pages pour apprécier la diversité, la texture, la couleur, la forme des poils et dans la moitié des cas, les poils n’empêchent pas du tout de voir les lèvres.

Concernant l’influence des images porno et érotiques sur les esprits, j’y reviendrai dans le chapitre sur le libre arbitre mais aussi dans l’attrait pour les corps glabres.