22. La place de la PF dans la littérature
Nana était nue. Elle était nue avec une tranquille audace, certaine de la toute-puissance de sa chair. Une simple gaze l’enveloppait ; (…) C’était Vénus naissant des flots, n’ayant pour voile que ses cheveux. Et, lorsque Nana levait les bras, on apercevait, aux feux de la rampe, les poils d’or de ses aisselles.
Nana était toute velue, un duvet de rousse faisait de son corps un velours
Extrait du roman « Nana », de Zola.
Cela étonnera sans doute des gens mais au 19e siècle, la PF était considérée comme érotique ! Et la littérature permettait d’en parler, l’interdiction ne concernait que les tableaux et les statues. Les écrivains en profitaient et de nombreux récits érotiques du 17e et 18e siècle sont de véritables odes à la PF.
Grâce à Munja, une participante d’un forum, j’en ai eu confirmation. Voici un extrait d’un recueil de lettres et poèmes érotiques et pornographiques écrites par Théophile Gautier (au 19e siècle). Les poils sont très souvent cités en tant qu’attribut sexuel et objet de désir.
Musée Secret
Des déesses et des mortelles
Quand ils font voir les charmes nus,
Les sculpteurs grecs plument les ailes
De la colombe de Vénus.
Sous leur ciseau s’envole et tombe
Ce doux manteau qui la revêt,
Et sur son nid froid la colombe
Tremble sans plume et sans duvet
O grands païens, je vous pardonne;
Les Grecs enlevant au contour
Le fin coton que Dieu lui donne,
Otaient son mystère à l’amour.
Mais nos peintres, tondant leurs toiles
Comme des marbres de Paros,
Fauchent sur les beaux corps sans voiles
Le gazon où s’assied Eros.
Théophile Gautier in Lettres à la Présidente, Ed l’Or du Temps, 1968
Extrait des «Nymphes», où Pierre Louÿs sublime le sexe des femmes.
oui, des lèvres aussi, des lèvres savoureuses
mais d’une chair plus tendre et plus fragile encor
des rêves de chair rose à l’ombre des poils d’or,
qui palpitent légers sous les mains amoureuses
Sur son blog, Katrin Alexandre parle de « L’eau à la Bouche », un livre d’Anne Bert. (Editions Blanche, 2009)
Anne Bert, pour sa première publication aux Editions Blanche, nous met « l’eau à la bouche » avec vingt-quatre petites histoires, qui sont autant de portraits de femmes osant un désir exacerbé et mettant au cœur de leur vie la recherche d’un plaisir absolu.
Loin des clichés d’une pornographie au sexe épilé et aux lieux aseptisés, les femmes sont de belles et sauvages amazones, félines et tigresses… Les visages sont multiples et uniques, d’une violente sensualité : une vigneronne « vouivre » qui copule dans l’étang et se gorge de raisin; une lectrice d’Alina Reyes dans un train qui subjugue un passager ; une femme glaciale, que rien ne semble faire frémir, provoquant une fureur érotique ; Alice ravie dans les bras d’un Morphée géant ; une inconnue sur un banc public dans le jardin des délices…
Toutes offrent des croupes joufflues, des sexes aux forêts luxuriantes, des bouches cannibales ; elles puent le désir et leur jouissance sonore, qu’elle soit solitaire, à deux ou à plusieurs, embaume toujours de mousses, d’humus, et de marécages.
Voici un extrait d’une des nouvelles, il fait penser aux « Monologues du Vagin » car c’est une femme qui parle de sa partenaire en évoquant un homme ayant rasé de force son pubis.
Mon index défroisse les plis de tes lèvres, s’enroule dans ton duvet rêche qui repousse.
Il n’y a que ce sacrilège que je ne pardonne pas, ton con imberbe, rasé par un crétin.
Tu m’as avoué qu’il t’avait bandé les yeux et attaché les mains, assise sur un fauteuil, les cuisses écartées. Tu as senti la lame glacée sur ton sexe racler ta fourrure noire si dense puis sa langue humide a pansé la blessure, ta chatte était comme une amande douce.
Je n’ai consenti à te branler que ta toison repoussée.
Voici un extrait du Marquis de Sade, dans « Les 120 journées de Sodome (cinquième journée) », mettant en scène l’axilisme.
A peine furent-ils dans la même chambre que la fille se mit toute nue et nous montra un corps fort blanc et très potelé. « Allons, saute, saute! lui dit le financier, échauffe-toi, tu sais très bien que je veux qu’on sue. Et voilà la rousse à cabrioler, à courir par la chambre, à sauter comme une jeune chèvre, et notre homme à l’examiner en se branlant, et tout cela sans que je puisse deviner encore le but de l’aventure. Quand la créature fut en nage, elle s’approcha du libertin, leva un bras et lui fit sentir son aisselle dont la sueur dégouttait de tous les poils. « Ah! c’est cela, c’est cela! dit notre homme en flairant avec ardeur ce bras tout gluant sous son nez, quelle odeur, comme elle me ravit! » Puis s’agenouillant devant elle, il la sentit et la respira de même dans l’intérieur du vagin et au trou du cul; mais il revenait toujours aux aisselles, soit que cette partie le flattât davantage, soit qu’il y trouvât plus de fumet; c’était toujours là que sa bouche et son nez se reportaient avec le plus d’empressement. Enfin un vit assez long, quoique peu gros, vit qu’il secouait vigoureusement depuis plus d’une heure sans aucun succès, s’avise de lever le nez. La fille se place, le financier vient par-derrière lui nicher son anchois sous l’aisselle, elle serre le bras, forme, à ce qu’il me paraît, un endroit très rétréci de ce local. Pendant ce temps-là, par l’attitude, il jouissait de la vue et de l’odeur de l’autre aisselle; il s’en empare, y fourre son groin tout entier et décharge en léchant, dévorant cette partie qui lui donne autant de plaisir. »
Voici un extrait du roman « Les fiançailles de M.Hire », de Simenon.
Alice s’était endormie. Son livre avait glissé sur la couverture. Les yeux clos, la poitrine soulevée par un souffle régulier, elle avait la tête posée sur son bras replié qui découvrait les poils roux de ses aisselles.
Si vous avez d’autres références, n’hésitez pas à m’écrire et j’essaierai de les intégrer pour compléter ce chapitre.
23. La place de la PF dans l’art
Comme je l’ai déjà dit, la PF était censurée sur les statues et les tableaux. Mais sur des gravures du Kama Sutra ou sur les estampes japonaises, on peut voir des dessins de femmes représentées avec des poils pubiens. Pour les aisselles, ça semble rare.
Pourtant, dans le Kama Sutra section 1 chapitre 3, on trouve ceci
le citadin bien élevé doit se baigner tous les jours, se faire masser tous les deux jours, se savonner tous les trois jours. Tous les quatre jours se couper la barbe et les moustaches, le cinquième ou le dixième jour se raser les poils du sexe et des aisselles et, toujours, se parfumer pour masquer l’odeur de la sueur des aisselles et être d’un contact agréable.
Cela ressemble furieusement aux préceptes de la Fitra des Musulmans. On notera la référence aux citadins, les paysans n’étaient pas concernés ? Le Kama Sutra n’est pas qu’un livre de positions sexuelles, c’est aussi un guide pour la vie de tous les jours.
Nous voilà au 19e siècle. Je rappelle que la PF et même la fente vulvaire sont censurées dans la peinture, depuis des siècles. Courbet ayant montré la voie en 1866, d’autres peintres ont osé montrer le pubis et les aisselles avec des poils. A peu près à la même époque, la photographie débute et les premiers photographes s’en donnent à cœur joie pour immortaliser des femmes nues, dont on voit bien qu’elles ne sont pas épilées.
Voici maintenant quelques peintres ayant montré des femmes naturelles, fin 19e et début 20e siècle.
Gustav Klimt
Amedeo Modigliani
Gustave Caillebotte
Egon Schiele
Christian Schad
Camille Clovis Trouille
Félicien Rops
Paul Delvaux
Auguste Chabaud
Théodore Chassériau
Henri Matisse
Félix Vallotton
Hannah Wilke était une une peintre mais aussi une sculptrice et photographe américaine.
Parmi les peintres contemporains, il y a Fabrice Martin, qui leur a consacré une série de 20 toiles intitulée « Femmes naturelles » ainsi que Oleg Timchenko.
Si vous avez d’autres noms et des sites où l’on peut voir des images de ces tableaux, merci de me le communiquer.
Parmi les photographes, on peut citer Man Ray, qui a immortalisé quelques femmes naturelles ainsi qu’André Kertész.
Le photographe suisse Daniel Bauer réalise des photos de nus artistiques en NB en rendant hommage à la beauté naturelle des femmes. Voici une autre galerie. Ça vaut la peine de les parcourir toutes.
Le photographe Helmut Newton a fait quelques clichés de femmes naturelles, surtout dans les années 1970-80. On peut trouver facilement ses photos en tapant son nom dans un moteur de recherche.
La photographe étasunienne Imogen Cunningham a aussi fait quelques clichés de femmes naturelles mais assez peu montrant des aisselles poilues, même dans les années 1930, c’était déjà plus difficile de trouver des modèles gardant toute leur pilosité.
L’artiste autrichienne Elke Krystufek a pour habitude de montrer son corps, il y a de nombreuses photos d’elle où l’on peut voir ses aisselles naturelles.
Sadie Lune est une artiste queer mais aussi actrice dans « Too much pussy » d’Emilie Jouvet, entre autres. Elle a l’habitude de montrer sa pilosité aux aisselles et au pubis.
La new-yorkaise Swoon, dont le vrai nom est Caledonia “Callie” Curry est une artiste de rue. Elle peint des portraits qu’elle colle ensuite sur les murs des grandes villes et ce, depuis 1999. Chaque fois qu’elle porte des tenues sans manches, ses aisselles poilues sont visibles.
La troupe d’acrobates Kirkas Gaya se produit dans différents pays d’Europe. Une des femmes de la troupe garde ses poils aux aisselles, comme on peut le voir dans plusieurs vidéos disponibles sur leur site.
Parmi les artistes, on peut citer Jeanne Mordoj. Cette femme fait un spectacle dans quelques pays francophones intitulé « L’éloge du poil », dans lequel on peut la voir avec une fausse barbe. Par contre, ses poils aux aisselles sont vrais.
Voici des commentaires parus dans la presse, suite à son spectacle.
Dans un journal appelé César (?), on lit ceci fin 2007
Dans éloge du poil, JM campe une femme à barbe. Le monstre de foire devient vite une vraie femme à la chair laiteuse, belle, féline, sensuelle et troublante.
Dans un Télérama de Mai 2007, Daniel Conrod dit ceci
Et alors, interrogent ceux qui n’ont pas vu notre femme à barbe, ça ressemble à quoi cette affaire-là, ça penche vers quoi, plutôt du féminin ou plutôt vers du masculin ? Ici, la réponse est catégorique, une femme à barbe est d’abord une femme et c’est d’ailleurs bien de cela, de ce qu’est être femme aujourd’hui, que semblait vouloir nous parler JM avec sa barbe et ses histoires de pilosité.
Sur son site, elle disait ceci
Samedi soir, je suis sortie dans Paris avec ma barbe, quel effroi dans le regard des femmes croisées, puis dans un bar, que de réactions variées, réalise à quel point c’est provocant, la joie de ça, la peur de ça. Un homme me dit « tu dois avoir des sacrées touffes sous les bras, des arbres ! quand t’aura un enfant tu te raseras »
Dans une émission radio de février 2010 à la RTBF (radio publique belge), JM disait ceci : je garde mes poils aux aisselles pour mon spectacle mais c’est difficile de les assumer dans la vie courante.
Je lui ai consacré un sujet sur le site de MIEL